La croissance de la zone euro aura frôlé les 0 % en 2023, tirée vers le bas par l’Allemagne qui ne joue plus son rôle de locomotive (cf. page spéciale). Pour autant, elle n’est pas la seule fautive, puisque les croissances française et italienne (respectivement 0,9 % et 0,7 %) n’ont pas beaucoup aidé. Ce ralentissement européen plus précoce et sévère qu’outre-Atlantique s’explique par une sensibilité accrue aux évènements géopolitiques de la zone, avec notamment à ses portes la guerre en Ukraine, une plus forte sensibilité au commerce extérieur, mais aussi, après les largesses de la période Covid, une moindre volonté des gouvernements de compenser la faiblesse de la demande privée par des déficits publics aussi importants qu’aux Etats-Unis.
La confiance des ménages européens a été fortement érodée avec les évènements de ces dernières années (Covid, guerre en Ukraine, vague inflationniste), impactant la consommation privée (cf. graphique des ventes au détail) et donc la croissance. Si le moral des ménages a tout de même rebondi en 2023 par rapport à son creux de 2022, il reste toujours en berne, en raison d’une baisse en zone euro des salaires réels et donc de pouvoir d’achat depuis 2020…
L’objectif de la BCE, à savoir une inflation à 2 %, semble bientôt atteint : après avoir connu un pic à 10,7 % en 2022, les prix ne progressaient plus que de 2,8 % fin 2023. La politique de ralentissement orchestrée par la hausse des taux d’intérêt a donc porté ses fruits et refroidit l’économie européenne. Le danger pour la BCE est désormais d’en faire trop : elle devra se montrer pragmatique et réactive en baissant suffisamment tôt ses taux directeurs pour ne pas faire caler l’économie européenne en 2024.